Le Mange-Cailloux est en quelque sorte l’aboutissement d’une passion de la minéralogie mêlée à des expériences professionnelles et personnelles.
À l’origine, une passion pour les minéraux
Né à Cholet (49) en 1975, Thierry CHARRIER cultive dès son plus jeune âge son goût pour la nature. A dix ans, il passe le plus clair de son temps à observer les insectes, les arachnides, les reptiles et les tritons. Il s’imagine alors vétérinaire ou réalisateur de documentaires animaliers.
C’est par hasard qu’à l’âge de 13 ans, il découvre le règne minéral : quelques calcédoines ornant un buffet l’émerveillent. Sa fascination est telle que ses parents choisissent de passer leurs prochaines vacances dans la Vienne pour récolter quelques-unes de ces calcédoines. Aux premières trouvailles succédent les premiers échanges. La passion s’est définitivement installée.
En 1995, il décroche le diplôme de Technicien Supérieur en Géologie Appliquée (Nancy). Cette section qui forme des géologues de terrain confirme son attrait pour l’aventure et la minéralogie. Il s’imagine lancé vers une longue carrière de géologue-prospecteur.
Entrée dans la vie professionnelle et changement d’aiguillage
Après un premier emploi dans un bureau d’étude pour le bâtiment et les travaux publics, Thierry Charrier travaille pour des carrières. Cet emploi tant espéré se révèle être une désillusion, les réalités scientifiques devant s’effacer derrières des considérations commerciales et financières. Thierry décide de forcer son destin…
L’envol vers l’île de la Réunion…
C’est ainsi qu’il part à l’aventure à la Réunion, avec pour seuls bagages une valise un appareil photo numérique et un ordinateur. Qu’allait-il y faire ? Il n’en sait rien. Loin de tout ce qu’il connaît, il repart de zéro, remettant toutes ses certitudes en doute, considérant qu’il va à la recherche de lui-même. « Le seul moyen de savoir qui on est, c’est de partir loin de chez soi, de se libérer de toutes les influences, de se laisser faire les choix qu’on n’aurait pas faits face au regard de notre entourage, et de se recréer la vie qui nous convient, celle qui nous permet véritablement de nous épanouir ». Tels est son état d’esprit, puis sa philosophie.
Il décide finalement de joindre l’utile à l’agréable : il parcourt toute l’île pour prendre des photos et créer un guide touristique de la Réunion sur cédérom. Un an de travail fut nécessaire pour rassembler et commenter un diaporama de plus de 1300 photos ! Il le commercialise dans toute l’île entre 1999 et 2001 sous le nom de son entreprise alors appelée ”Géoguide Réunion”.
A ce moment-là, Thierry estime s’être trompé de parcours. Le métier idéal serait de travailler pour un musée d’histoire naturelle. Mais sans diplôme adéquat, le rêve est inaccessible. Néanmoins, pour ne pas décrocher de la géologie, il se met au service du Muséum d’Histoire Naturelle de Saint-Denis de la Réunion pour lequel il élabore une importante exposition pédagogique de minéraux. Il anime par ailleurs des conférences en minéralogie à destination des scolaires, des enseignants ou du grand public pour le compte du fameux muséum de volcanologie “La Maison du Volcan”. Difficile d’imaginer alors ce que ces premières expériences vont engendrer.
Rebondissement vers la minéralogie en métropole
Peu de temps plus tard, le destin contraint Thierry à rentrer en métropole. Mais il n’est pas question de revenir en arrière. Il profite de ses expériences à la Réunion pour développer “Le Mange-Cailloux”, un cédérom d’apprentissage et d’identification des minéraux. Cet outil pédagogique est “Reconnu d’Intérêt Pédagogique“ par le Ministère de l’Éducation Nationale en 2004.
Il servira d’assiette pour la création en 2003 de l’entreprise “Le Mange-Cailloux“, dont les principales activités s’orientent vers la vulgarisation de la minéralogie : CD pédagogique, exposition itinérante, conférences et le commerce de minéraux.
Découverte d’un minéral
En 2009, Thierry Charrier découvre une nouvelle espèce minérale aux Açores. Les recherches nécessaires menées par la communauté scientifique amènent à une publication officielle dans le Mineralogical Magazine en mars 2017 (IMA 2014-098). Son nom : La fogoite-(Y).
Attiré par les volcans, Thierry s’intéresse aux Açores en 2009 et décèle un fort potentiel pour la découverte de nouvelles espèces minérales. La localité cumule en effet des paramètres prometteurs : localité reculée et peu étudiée à l’époque en l’absence d’intérêt économique. Minéralisations rares de “type Kola” en Russie où ont été découvertes de nombreuses espèces. Minéraux invisibles à l’œil nu. Thierry repère sur photos aériennes le meilleur site de prospection avant de se rendre sur les lieux. Parmi des dizaines d’autres espèces, il découvre de minuscules et énigmatiques fibres jaunâtres. Il faudra plusieurs années à la communauté scientifique pour caractériser et valider la désormais nommée fogoite-(Y).
Suite logique et opportunité
D’années en années, la collection, les connaissances en minéralogie et les qualités pédagogiques de Thierry s’étoffent. En 2011, il envisage sérieusement transformer l’exposition itinérante en exposition permanente. Avec sa localisation favorable, son attrait touristique et son passé minier, Mortagne-sur-Sèvre apparaît comme un lieu d’implantation pertinent pour un musée de minéralogie. Le site est rapidement trouvé ; une ancienne école de la commune est justement en vente. Le Musée du Mange-Cailloux et sa boutique sont inaugurés en mai 2015.